Comme il était donné à chacun de le savoir, le chantier de l’arène était en pleine ébullition, et c’était être perspicace que de s’attendre à ce que de nombreuses offres d’emploi se profilent à l’horizon. A la tribune, sur la place centrale de la ville, il était assez courant de voir un marchand venir quérir un manutentionnaire ou un traducteur. Bien entendu ils trouvaient facilement des uns et pas des autres, mais le bouche à oreille marchait généralement assez bien pour que chacun arrive à trouver ce qu’il cherchait.
La tribune était assez peu souvent occupée pour ce genre de choses, à raison d’une à trois fois par jours en temps normal. Cependant avec l’avènement d’un édifice de cette importance, on pouvait s’attendre à ce que les propositions pleuvent et de fait bientôt une lourde carrure se porta jusque sur l’estrade. Portant une fourrure toujours aussi sombre qu’à son habitude, Drank lança en cette belle matinée, faisant démonstration de son accent étranger :
"Il me faut des ouvriers ! J’attends ici un moment, puis je retourne au chantier !"
Sa voix de stentor ayant énonçait cette vérité si simple, il resta debout sur l’estrade, n’hésitant pas un instant à tendre la main vers les gens qui passaient devant lui en lançant : "Toi, tu veux devenir ouvrier ?" Comme tout un chacun le savait, le métier d’ouvrier était dur mais payait mieux que celui de manutentionnaire et on pouvait l’accomplir sans expérience pour certaines tâches simples.
…
Bientôt, alors que le soleil était toujours aussi bas dans l’horizon, une autre silhouette s’avança vers l’estrade puis y monta. On vit bientôt une femme assez forte, portant une armure couleur grise ouvrir son lourd manteau pour que tout un chacun puisse voir son uniforme, à savoir un collier de cuir noir serti d’une broderie d’argent. Une sectionnaire connu sous le nom de Matilda Bellelame. Autant dire que cette guerrière dodue avait l’habitude de faire rire les peu prudents qui apprenaient bien vite à se taire et à respecter sa force. Elle hurla alors d’une voix qui aurait presque fait de l’ombre à celle que pouvait avoir le constructeur :
"La garde recrute ! Venez !"
Elle attendit qu’un peu de monde soit arrivé puis ajouta :
"Tous les volontaires sont attendus près du chantier, ce soir. Si vous connaissez quelqu’un que ça peut intéresser, dîtes-lui de venir !"
La brutale répéta l’annonce cinq ou six fois, avec quelques minutes d’intervalle puis s’en retourna à ses affaires les plus pressantes. Drank décida qu’il valait mieux faire comme elle et annonça qu’il fallait se présenter au chantier pour être engager.