Affaire de cuisine...

Iris avait du s’entretenir avec sa mère durant un long moment avant qu’elle n’accepte de lui apprendre à faire la cuisine. Elle lui répéta une bonne trentaine de fois qu’il se trouverait vite une femme pour lui faire la cuisine s’il trouvait un travail ! Qu’il valait mieux qu’il aille travailler sur le chantier plutôt que de rester à la maison avec elle pour s’occuper des lapins qu’il leur avait achetés. Mais au bout d’un moment elle finit par acceptait. Il était vrai que s’il savait cuisiner alors il ne gaspillerait pas d’argent en allant manger dans les tavernes. Et puis il devait bien être apte à faire un civet après tout ? Le jeune homme se montra plutôt enthousiaste dès les premières secondes. Aussi fallait-il dire qu’apprendre à cuisiner aller lui permettre de gagner de l’argent. En effet s’il savait manier les saveurs et ne pas gaspiller la viande alors il pourrait sans doute tirer un meilleur prix des futurs lapins qu’on lui livrerait.

La préparation commença donc, Iris se concentra avec grande attention sur chacun de ses gestes dès l’instant où il eût un couteau dans la main. Tout d’aborde il lui fallut dépecer la carcasse, chose assez simple lorsqu’on avait pour exemple quelqu’un d’aussi expérimenter que sa mère. Il passa la pointe de la lame dans la peau de l’animale et l’inclina de manière à ce que le derme passe sur le fil du couteau. Petit à petit une fine couche de graisse jaunâtre apparut, située entre les muscles de l’animal et sa peau velue. Il poursuivit les entailles sur les pattes qu’il coupa de façon à ne garder que la cuisse et bientôt laissa la peau sur la table, à côté de la carcasse dépecée du lapin. Suivant les mouvements de sa mère il vida alors le corps inerte de la bête, prenant ses tripes chaudes à pleine main avant des les placées dans une bassine où étaient déjà disposées les pattes. Le tout irait droit aux chiens. Les peaux quant à elles, il pourrait sans doute en faire dont à un tanneur. Peut-être même qu’il pourrait profiter de ce don pour faire plus ample connaissance avec lui et se trouvait là un allier dans sa recherche d’argent ? Oui, sans doute. Si son aventure avec Clarion lui avait bien apprit quelque chose, c’est qu’il fallait avoir du culot lorsqu’on cherchait à sortir de sa condition financière ! Il tenterait donc de tisser un lien avec un tanneur dans l’espoir qu’un jour en étant marchand et il traiterait avec lui.

Toujours attentif à ses mouvements, il retira les yeux de la tête et les parties génitales du lapin qui était réduit à l’état de carcasse dépecée et évidée. Puis il plaça le tout dans un plat à côté de celui dont s’était occupée sa chère mère. Souriant, il alla chercher les pommes de terre et les éplucha tout en retirant les tubercules qui avaient poussé avec le temps. Une fois qu’elles furent épluché, il les coupa en dé et les plaça tout autour des deux lapins comme elle le lui indiqua. Ils n’avaient pas d’épices à y ajouter mais sa mère trouva quand même un peu de persil à y ajouter. Après concertation, des carottes furent aussi ajoutées, encore une fois se fut lui qui se chargea de les éplucher et de les découper.

Petit à petit, en parlant avec sa mère, le jeune homme compris comment fonctionnait la cuisine et il fut même convier à faire un dessert avec elle. Il fallait de la précision dans les gestes pour accomplir avec le plus de perfection possible l’alliance des saveurs. Si on faisait trop chauffer le plat il perdait de la saveur, mais s’il n’était pas assez chaud le goût ne s’épanouissait pas. A présent qu’il battait des blancs en neige il prenait conscience de toute l’importance du geste dans la préparation d’un repas. Autant dire qu’il était prêt à louper l’action vu que c’était la première fois qu’il l’accomplissait mais avec l’aide de sa chère mère il prit bientôt le coup de main et vit avec émerveillement une épaisse mousse blanche naître d’un peu de liquide translucide. En cet instant, il ressentait une certaine fierté, il fallait bien l’avouer !

Savoir faire de la pâtisserie ne l’aiderait sûrement pas à préparer les lapins, mais connaître le meilleur moyen d’allier les arômes était sans doute un très bon moyen de tirer profit de la nourriture qu’il aurait à vendre ! Il utilisa les œufs qu’il avait préalablement brisés et séparés à leur meilleur escient, mélangeant à présent du beurre avec du lait et les jaunes ainsi qu’une bonne part de sucre. Lorsque se fut fait il y ajouta farine et blanc en neige et obtint bientôt tout un saladier de patte à gâteau. Autant dire qu’il faudrait profiter de la préparation vu la diversité des aliments qu’il avait fallut sacrifier pour le faire. Une fois versée dans un plat, la préparation reçue quelques abricots séchés en garniture puis fut placée dans le four après qu’ils aient retirés le lapin.

La famille arriva, afin de dîner, et bien que la préparation fut réussie, Iris n’en mangea que peu. En effet il avait en tête bien d’autres choses. A savoir, l’heure à laquelle il prendrait la cuisine pour préparer les lapins, le temps qu’il lui faudrait pour faire cuire sa préparation. Il lui faudrait aussi quelques condiments pour ajouter aux lapins, sinon se serait sans doute trop fade. Oui, il allait faire ça ! Il avait déjà en tête le calcul de la somme à dépenser et de la somme que ça lui permettrait peut-être d’empocher !

Lorsque le repas fut fini, il resta avec sa mère et une de ses sœurs pour débarrasser le tout, de la préparation il ne restait plus que des os. Il parla alors avec elles tout en frottant avec entrain le plat où un peu de graisse était resté accroché.

"Je suis heureuse de voir que tu prêtes à nouveau attention à ta famille, Iris, ça change de tes débauches dans les tavernes… Lui lança sa mère.
- Maman, ne sais-tu pas qu’il est bon pour un homme d’avoir des hauts et des bas ? Sinon il ne sait jamais la mesure de ses actes !
- Tu es toujours un beau parleur frérot… Tu devrais faire des prêches !
- J’ai peur que l’habit de moine ne soit un peu trop court pour moi !
- Ca c’est certain, lança la matrone, t’es bien trop large dans tes frasques pour te contenir dans une bure !
- Je le vois déjà dire aux dames que Muria sera plus attentive à leur fertilité s’il peut les ensemencer lui-même !
- C’est bien son genre à ce rustre de coureur de jupons, renchérit la figure maternelle.
- Et si j’étais marchand ?
- Marchand ? Intervint la mère d’un air amusé. Voyez-vous ça ! Pour être marchand il faut de l’argent, sinon on ne peut pas acheter ce que l’on va vendre ! Et tu n’es pas le fils de l’Empereur !
- Il est bien assez culoté pour faire payer une fille à sa place le bougre !
- Ha ! Mais qu’est-ce que vous allez chercher là… Moi qui pensait vous faire plaisir à faire à manger, on me traite presque de putain !
- Un métier d’avenir pour toi, frangin !
- S’il était un peu plus gaillard et un peu moins artiste, sans doute qu’il trouverait sa place dans les couches d’une vieille noble !
- Allons, mère, rétorqua la sœurette, je le voyais plutôt en train de tenir compagnie aux militaires en campagne ! Un beau petit mignon pour les fantassins de l’Empire !"

Il serra légèrement les dents et sourit de son mieux… Elles ne voulaient pas le faire souffrir, juste rire un peu. Il le savait, et ne leur en voulait pas, même s’il aurait préféré leur inspirer un peu plus de respect… Peut-être y arriverait-il si jamais il arrivait à lancer son commerce et s’il se faisait assez d’argent pour entrer dans la guilde des marchands…

Demain, il irait au marché.