En quête d'un maitre...

Aisashaelle avait en tête de trouver du travail. Elle allait bientôt devenir un fardeau pour ses parents lorsqu'ils arrêteront de travailler et une entrée d'argent régulière ne ferait pas de mal à son foyer.
Elle avait profité de l'expérience de sa mère mais confectionner une chaise ou un meuble ne l'intéressait guère, c'est avec les petites chutes de bois qu'elle bidouillait quelques trucs. En fait elle sculptait, ses mains fines et rapides obtenait certes, pas du grand art mais quelques formes parfois, des choses simples à réaliser.
Ce qui la faisait venir là c'était sa passion pour l'art et pour les choses visuellement réussies. De plus elle trouvait que le bois était une très belle matière, noble, naturelle, vivante. Quelque chose d'agréable a travailler...

Mais elle n'avait aucune idée d'où trouver un maitre digne en la matière. Qui lui accorderait de son temps pour la faire avancer dans la profession ? Les artisans n'ont pas le temps de s'acharner a faire entrer le contenu d'une leçon dans la tête d'un élève. La jeune fille le voyait assez souvent grâce à ses parents et si elle ne voulait pas être rejetée par un éventuel maitre il fallait qu'elle apprenne vite.
C'est ce pourquoi elle angoissait un petit peu quant à une futur rencontre avec un artisan, pourtant il fallait qu'elle le fasse.

autour d'elle il y avait des gens de toutes classes sociales, des pauvres comme des riches, des soldats comme des religieux. Bon nombre de boutiques hétéroclites se bousculaient ici, il suffisait de trouver la bonne...

Un homme était en train de tranquillement raboter un morceau de bois sur un étale assez pauvre. Il était âgé de plusieurs décennies tant et si bien qu’une lourde toison de cheveux blancs tombait sur ses épaules. Le regard à moitié aveugle, l’œil droit totalement blanc, il la regardait avec une étincelle qu’elle ne put se permettre d’ignorer. Il eût un sourire édenté et lança :

"Hey, la rouquine ! Tu es bien la fille Leiin pas vrai ?"

Le vieux lui fit signe d’approcher.

"Tu saurais me tailler ça en pointe correctement ?"

Il lui sortit une tige de bouleau d’au dessous de son comptoir et la regarda dans les yeux avant de s’expliquer :

"Ta mère m’a dit que tu avais des ambitions de sculpteuse. Je suis un peu sculpteur sur les bords, on m’appelle Joe Boisseron. Je suis fais quelques créations en bois, mais mes vieilles mains ne me permettent plus de faire le travail dont j’étais capable avant. Si tu tailles cent flèches par semaine, avec une belle encoche, alors je t’apprendrai à sculpter. Mais je ne pourrais pas te payer plus de cinq pièces de cuivre le mois, je ne suis pas vraiment riche."

Ses yeux tombèrent sur un étrange personnage... Dont l'aspect repoussant ne lui fit pas détourner le regard. Il était évident qu'il insistait sur elle avec une force de regard qui ne la mis pas mal à l'aise mais qui l'intrigua. Que lui voulait il ? Peut être n'était ce pas elle qu'il regardait. Soucieuse la jeune fille regarda doucement au dessus de son épaule mais personne ne semblait lui sourire ou le connaitre.

"Hey, la rouquine ! Tu es bien la fille Leiin pas vrai ?"

Aisashaell sursauta vivement. c'était bien elle qui semblait attirer l'attention du vieil homme. Elle ne bougea pas un moment puis finit par aller croiser son regard. Ses propres yeux étaient étonnés de l'appel de cet inconnu. Quand il lui fit signe d'approcher, elle hésita. Sa mère lui avait jadis enseigné de ne pas parler aux inconnus et d'autant plus les hommes.
De la sculpture ? Elle s'approcha prudemment, et légèrement comme à son habitude, ses cheveux flottants dans son dos.

"Tu saurais me tailler ça en pointe correctement ?"

La jeune femme ouvrit la bouche lorsque l'homme sortit la tige de bouleau mais elle n'eut pas le temps de parler avant que le vieux ne reprenne la parole.

Ta mère m’a dit que tu avais des ambitions de sculpteuse. Je suis un peu sculpteur sur les bords, on m’appelle Joe Boisseron. Je suis fais quelques créations en bois, mais mes vieilles mains ne me permettent plus de faire le travail dont j’étais capable avant. Si tu tailles cent flèches par semaine, avec une belle encoche, alors je t’apprendrai à sculpter. Mais je ne pourrais pas te payer plus de cinq pièces de cuivre le mois, je ne suis pas vraiment riche."

Aisashaell hocha la tête. Doucement elle prit la baguette de bois et l'examina. Ce n'était pas du bois difficile à sculpter, les fibres étaient assez espacées pour un bois souple. Des yeux elle chercha un néron et l'équerre sur l'établi, fixé au plan de travaille pour pouvoir avoir un support correcte. Elle souleva un burin de petite taille pour ne pas faire d'effort à le soulever.
Elle plaça le néron sur l'extrémité plat de la baguette, bien centré pour en faire un diamètre et tapa d'un coup sec dessus pour y couper le bois. Ensuite elle fit jouer rapidement l'outil dans l'encoche pour l'élargir un peu. Voila l'encoche, elle l'avait taillé en premier pour avoir un appui convenable sue l'équerre car avec la pointe déjà taillé ce n'aurait pas été pratique. Toujours avec le même outil elle traça un repère à quelques centimètres de l'autre extrémité. Très légèrement, juste pour marquer le bois et ne pas le découper. Elle marqua ensuite quatre arêtes pour avoir la profondeur limite pour obtenir un pointe régulière. Elle rapporta la tige à son œil et regarda si son travail était bien précis,une fois l'habitude prise, elle n'aurait plus à faire ceci. Elle souffla sur la tige afin d'en enlever la poussière de bois et la reposa sur le plan de travail. Elle observa le vieil homme pour voir sa réaction, savoir si ce qu'elle avait fait jusqu'à présent le satisfaisait.

Elle attrapa ensuite vivement le fermoir et regarda si sa lame était assez affutée pour découper correctement le bois. Elle prit la baguette à la verticale et la découpa avec l'outil plat jusqu'à la nervure qu'elle avait tracée sur le coté. Elle refit la même opération quatre fois afin d'obtenir une pointe sommaire et ébauchée. elle saisit ensuite le racloir et affina d'autant plus les grosses surface plane et fini minutieusement avec un papier rugueux.

Elle rangea ensuite les outils là ou elle les avait trouvés sur l'établi et déposé sa flèche devant le vieux. La elle croisa les mains devant elle et observa l'homme.

L’homme la regarda agir sans piper mot, une fois qu’elle eût terminé ce travail si minutieux il fronça les sourcils et attrapa sous son bureau une dague et une autre tige de boulot. Prenant l’une des extrémités de celle-ci entre son pouce et son index, il passa la pointe de la lame dans l’interstice laissé par sa peau rugueuse. Il tira alors légèrement sur le manche sans même regarder son travail. Il plaça ensuite la tige sur la table, posa la pointe de la dague sur la table pour la bloquer puis inclina l’arme sur le côté. Il fit alors tourner le morceau de bois contre la lame afin de casser l’angle. Il élargit alors le chanfrein à petits coups de lames jusqu’à ce que la pointe soit longue d’une phalange. Le travail avait demandé moins d’une minute aux mains expertes de l’artisan qui bientôt se pencha pour prendre une pierre au sol. Il la posa sur la table.

"Regarde bien, petite princesse."

Il attrapa la flèche qu’elle avait créée et en asséna un puissant coup sur le morceau de roc, immédiatement la pointe éclata en échardes. Il fit bientôt subir le même sort à sa propre création, le résultat fut le même.

"Passer autant de temps à créer une chose qui finira en morceau n’a aucun sens et l’efficacité de tes flèches ne sera pas supérieure à celle des miennes. Elle sera même moindre. Une flèche aussi lisse, lorsqu’elle entrera dans la chair, laissera une marque trop nette, elle sera retirée en un rien de temps. Tu dois penser à fragiliser la structure, puis en la durcissant au feu tu obtiendras une bonne flèche, assez dure pour traverser une armure, mais capable de laisser un pouce de bois dans le corps de la cible."

Il eût un rire qui laissa apparaître ses gencives clairsemées de dents.

"Tu agis comme un noble, toujours à faire attention à la forme, et non au fond. Je ne sais pas si tu serais une bonne recrue. Et puis je ne suis pas sûr de vouloir une muette pour apprenti, encore moins d’une prétentieuse qui agit en croyant tout savoir faire plutôt que de demander à son maître comment elle doit s’y prendre. Les outils que tu emploies ne servent à rien pour quelqu’un qui connaît son métier. Et ils ne te l’apprendront pas !"

Son regard lui transmit tout le dégoût qu’il avait pour les personnes qui pensaient que les outils de mesure étaient préférables à l’expérience.

La jeune femme avait finit par croiser les bras sur sa poitrine, d'abord pour observer minutieusement la démarche de l'homme avec sa dague, puis pour entendre son discours qui ne fut pas pour lui plaire.
Ce qui la blessa d'autant plus c'est sa comparaison avec les nobles, que de foutaises, elle non plus n'aimait pas ces gens et plus encore quand elle voyait comment ils traitaient ses parents alors qu'il avaient fourni dur labeur pour leur créer quelque chose de qualité et que celle ci finissait en général par resservir à un autre ébéniste quelques temps plus tard.
Sa tempe frappait contre son front d'un signe d'énervement lointain, pour qui se croyait il pour aller jusqu'à la traiter de noble et bafouer son silence de respect ! Ha si c'était comme ça, elle allait lui montrer comment elle pouvait apprendre en regardant mais à quel point elle pouvait être piquée aux nerfs facilement.
La mine renfrognée elle dit d'un ton coupant tout en allant balader ses mains sous le comptoir dans les casiers. Peut importe si elle se coupait avec un outils, de tout façon à ce qu'il semblait dire, il ne se servait jamais de ceux ci, rouillés et émoussés, les outils ne coupent pas...

-Excusez moi.

Ensuite elle sais la dague restée plantée là dans le bois du comptoirs.

- Excusez moi de vous montrer montrer mon respect par le silence.

Elle plaça son pouce comme le vieil homme l'avait fait auparavant. De gestes maladroits mais sec elle procéda comme lui mais la lame affutée de la dague rentrait dans sa peau un peu plus a chaque fois qu'elle passait l'outil sur le bois, en ajoutant des échardes dans ses mains trop fines et souple pour résister aux attaques de ce bois non lisse.
Tout en faisant cela elle continuait de parler au vieux qui avait osé la comparer avec une caste de la société dont les individus qu'elle y connaissait la répugnait particulièrement.

- Excusez moi de vous faire penser à ces hommes sans respects qui ne savent pas ce que c'est de vivre, de se blesser, de devoir gagner l'argent, de devoir faire attention, de devoir aider son entourage, de respecter le travail, de respecter simplement les autres...

Presque de colère, elle frappa l'autre bout de la tige de bois et y inscrit une encoche un peu trop profonde qu'elle n'élargit que sommairement.

-Excusez moi de n'avoir pas fait appel à vos conseils plus tôt étant donné que vous vouliez voir ce dont je fus capable...

Elle lâcha la dague qui rebondit sur le plan de travail, prit la "flèche" sommaire et d'un geste violent la fracassa avec les autres mais du fait de la pointe inégale, le bois se fendit trop haut et blessa une nouvelle fois sa main.
Elle s'appuya sur le plan de travail devant l'homme en y aplatissant les mains. Les légères et fines coupures laisseraient une marque dans le bois. Elle se pencha pour arriver au niveau du regard de l'homme et finit les derniers mots qu'elle avait à lui dire.

- Mais vous avez bien dit que j'étais là pour apprendre non ? Alors de quoi vous plaigniez vous que j'utilise ce que j'ai déjà appris et pourquoi me critiquez vous alors que je suis totalement pendue à vos lèvres pour en apprendre d'avantage.

Il lui arracha la dague lorsqu’elle eût finalement terminé son massacre et pinça ses lèvres avant de froncer les sourcils d’un air mécontent. L’homme sortit bientôt une pince relativement fine mais loin d’être droite d’un tiroir et la posa sur le comptoir.

"Tu seras sans doute pire que ta mère avec le temps ! Allez, enlève moi ces échardes de tes doigts et cesse de gâcher mon temps et ton travail. Pour tes mains, tu apprendras qu’en travaillant correctement tu ne pourras pas les garder aussi douces qu’à ton habitude. Elles seront calleuses et sales la plupart du temps. Conserver l’aspect physique d’une enfant n’est pas un luxe qu’on peut se permettre lorsqu’on est artisan."

Il posa bientôt une gourde de cuir et un bol sur la table.

"Emploie ça pour nettoyer tes plaies, puis recommence."

Il sortit une caisse de dessous le comptoir et la posa derrière celui-ci.

"Installe toi sur le sol afin que les clients ne te voient pas, je vais t’expliquer comment procéder… A partir d’aujourd’hui tu seras mon apprentie."

Bientôt il attrapa une tige et lui montra sa manière de procéder.

"En prenant entre ton pouce et ton index le bout de la tige, tu dois arriver à sentir l’arrête, tout autour de la section. Si tu appuies correctement tes doigts se déformeront pareillement d’un bord et de l’autre, alors tu verras le trajet que dois parcourir la dague. Pour ce qui est de la pointe, commence par faire quatre longues arrêtes, puis taille les arrêtes, tu en obtiendras le double, et ainsi de suite jusqu’à avoir une surface arrondie. Tu peux changer l’angle en bout, de manière à ce que la pointe soit plus solide que le reste. En la chauffant ensuite au feu, tu obtiendras une vraie flèche de guerre."

L’homme lui tapota le sommet du crâne en posant son arme sur la casse de tiges.

"Au travail, je t’apprendrais mon art au fur et à mesure."

[Aisashaell Leiin est l’apprentie de Joe Boisseron.]

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