Le loup magique...

Près d’une demi-heure après que les deux hommes soient partis, une vingtaine de minutes après qu’ils aient trouvés Krall, ils revinrent à l’église, l’étrange cargaison du mercenaire dissimulée par une bâche. Les prêtres avaient pris soin de faire chanter un cantique afin de détourner la majorité des regards de la porte. Ainsi personne ne s’intéressait vraiment à ce que des jeunes gens pouvaient emmener ainsi à l’église. Le Prêtre Soliarc ouvrit bientôt la porte qui menait à la cantine, lieux que les laïques ne connaissaient pas en général. On fit entrer cependant le mercenaire et le marchand en toute discrétion avant de porter le corps de la bête à l’intérieur. Le novice qui avait été cherché le mercenaire alluma des chandeliers pour qu’on y voie mieux. Dehors l’orage continuait de gronder. Il y avait quatre ecclésiastes de présents à part Soliarc et le novice, ils portaient tous une longue bure à capuche.

Soliarc s’avança dans la lumière des bougies. Sa courte barbe poivre-et-sel parcourait son menton et rejoignait ce qui aurait put être une moustache. Ses cheveux mi-longs étaient retenus en arrière en une courte queue de cheval. Ses yeux verts observés avec attention la bâche qui petit à petit se lever pour mettre à nue l’engeance magique. Le prêtre portait un manteau particulièrement sombre noué à son cou par une ficelle toute simple, sous ce manteau on pouvait voir sans peine une bure légère à la teinte brune. Un petit objet en argent pendait à sa ceinture, sous le manteau, brillant à la lueur des chandelles. Lorsque le cadavre fut devant ses yeux, il resta de marbre, puis finalement marcha jusqu’à un banc et s’y assit. Il regarda le novice.

"Lorar. Va nous chercher un peu de thé…"

Lorar était un jeune ecclésiaste à l’air alerte, on voyait chez lui une curiosité et une vivacité d’esprit peu commune. Il devait avoir dans les quinze ans et s’il n’était pas humain alors il le semblait particulièrement. De petites cicatrices présentes sur ses mains laissaient à penser qu’il avait effectué des tâches assez peu plaisante avant d’entrer au service du clergé. Il portait une courte tunique de couleur ocre qui allait bien avec l’ambre de ses yeux. Ses cheveux étaient blonds foncés. Sous l’ordre de Soliarc il agit après avoir jeté un dernier regard à cette chose étrange qu’il voyait sans doute pour la première fois.

Le prêtre se tourna vers les deux laïques lorsque le petit fut parti.

"Vous avez fait le bon choix en venant trouver l’Eglise. Nous savons exactement ce que c’est… Il ne fait aucun doute que vous ne connaissez rien à la magie et c’est une bonne chose. Cet animal est un loup ou un chien. Une bête qui était parfaitement normal à l’origine. Puis quelque chose s’est passé, étant donné les circonstances, je suppose que c’est une Décharge. Un principe que connaissent bien les prêtres mais que les mages ignorent dans leur attitude d’impie borné… C’est pour ça que nous devons les emprisonner pour les empêcher d’employer ce pouvoir, ils ne le maîtrisent absolument pas ! La parcimonie est la seule chose qui puisse contenir la magie.

Imaginez les branches d’un arbre… Lorsque l’hiver arrive, la neige tombe. Puis petit à petit s’accumule, son poids grandit et finalement le bois n’est plus assez fort et la branche casse. C’est un peu le principe de la Décharge. Lorsque la magie s’accumule trop, la nature cède et il y a quelque chose qui se passe mal.

Cet animal a vu tous les muscles de son corps croître, seule la magie lui permettait de rester en vie, son cœur a totalement comprimer ses poumons. Il ne pouvait presque plus respirer et pourtant il subsistait. Comme vivant mais sans l’être vraiment. Je pense qu’un mage quelque part dans les environs essaie de faire subir ce genre de traitement à un animal. Voyez un peu la taille de celui-ci, imaginez qu’on fasse ça à une vache. Ca permettrait d’obtenir beaucoup plus de viande."

Il secoua la tête d’un air désespéré.

"Ca continuera jusqu’à ce que ce mage soit arrêté… C’est toujours la même chose."

Il passa une main dans sa bure puis bientôt posa sur la table deux pièces d'argent.

"Nous gardons l'animal, voilà pour vous... Vous avez accompli une dure tâche, il est normal que vous ayez une récompense. Cette chose aurait put tuer des paysans qui viennent au marché... Si vous rencontrez encore ce genre de chose, venez nous le dire. Peut-être pourrons-nous trouver ce mage et lui faire payer."

Lorsqu’enfin son compagnon arriva et comme le jeune marchand s’y attendait, le mercenaire ne prononça pas un seul mot. Cet homme qui avait croisée le chemin du jeune marchand sur un hasard divin et qui aujourd’hui lui avait certainement sauvé la vie, le jeune marchand n’avait pas l’intention de le perdre de vue car il avait la force d’esprit nécessaire à devenir un grand mercenaire et il serait surement une puissante aide dans la future, sans compter qu’il était désormais un ami de confiance.
Avant même de commencer à parler il lui tendit la main, il tenait à sceller cette amitié d’une bonne poignée de main.

-Aujourd’hui tu m’as sauvé la vie, sans toi cette créature m’aurait tué sans la moindre difficulté, je te suis réellement reconnaissant même si je sais que c’était une part de ton travail. Si jamais j’ai besoin d’un mercenaire j’essayerai de te contacter et si jamais tu cherche un objet particulier j’essayerai de te le trouver avec les contacts que j’espère me faire bientôt à la guilde des marchands. Je vais y aller, je dois aller parler à la guilde avant qu’elle ne ferme et j’espère te revoir bientôt. Que Muria te protège.

Le jeune marchand regarda le ciel encore couvert de nuage, il n’avait pas vraiment de vêtements pour la pluie il devait se dépêcher d’aller a la guilde avant de trouver un endroit ou passer la nuit vu qu’il n’avait toujours pas renouer avec son père. Il partit en trottinant sous la pluie en direction de la guilde des marchands, il n’avait pas pris son livre de compte sur lui et devait le remplis car il était fier de l’argent qu’il avait gagné dans sa journée.